Meta

Le PDG chinois de Geely Li Shufu devient premier actionnaire de Daimler avec presque 10% du capital !

Après l’acquisition de Volvo, Lotus, et London Taxi, le milliardaire chinois Li Shufu poursuit sa conquête du secteur automobile en Europe via son groupe Geely. Dorénavant, cet industriel surnommé « le constructeur fou » en Chine, détient environ 10% du capital de Daimler.

 

 

Qui est Li Shufu ?

Né en 1963 à Zhejiang en Chine, Li Shufu est l’un des entrepreneurs les plus influents en Asie. Ce fils de pauvres riziculteurs a quitté sa famille à l’âge de 18 ans pour commencer une carrière de photographe. En 1986, il a créé son entreprise Geely qui fabriquait à l’époque des pièces de réfrigérateurs. En 1993, Geely s’est convertie à la construction de motocycles avant de devenir constructeur automobile en 1996.

 

 

Li Shufu est membre du « Comité National de la Conférence consultative politique du peuple chinois ». Il est également vice-président de la « Fédération Nationale de l'Industrie et du Commerce de Chine ». En outre, il a été nommé à maintes reprises « chef d'entreprise le plus influent en Chine », l'un des «10 meilleurs entrepreneurs privés de Chine », et l’un des «10 meilleurs philanthropes de Chine ». Selon Forbes, Li Shufu est le 10ème homme le plus riche en Chine avec une fortune estimée à 16.7 milliards de dollars.

Pour l’anecdote, la première voiture construite par Geely en 1996 était une copie de la Mercedes classe E (W210). Pour la construire, Li Shufu a utilisé la plateforme d’une Hongqi (une voiture haut de gamme chinoise produite par FAW), laquelle avait pratiquement les mêmes dimensions que la classe E. Pris en flagrant délit de plagiat, Li Shufu a été poursuivi par Daimler pour violation de la propriété intellectuelle ! Actuellement, la relation entre « le constructeur fou » et Daimler est apparemment au beau fixe. Qui dit que l’argent ne règle pas tous les problèmes ?

 

 

 

Daimler se félicite d’accueillir « un investisseur de long terme »

Dans son communiqué de presse annonçant la nouvelle, Daimler confirme que Li Shufu a acquis 9,69% (103.619.340 actions) du capital. L’entreprise allemande est « heureuse d'annoncer qu'avec Li Shufu, elle pourrait gagner un autre actionnaire de long terme convaincu par la force d'innovation de Daimler, sa stratégie, et son potentiel futur ». Toujours selon le communiqué de presse « Daimler connaît et apprécie Li Shufu en tant qu’entrepreneur chinois particulièrement compétent avec une vision claire pour l'avenir, avec qui on peut discuter de manière constructive les changements dans l'industrie ».

 

 

Et pour rassurer son partenaire chinois BAIC Motors, le communiqué de presse rappelle que Daimler est présente en Chine grâce notamment à son partenariat solide avec BAIC. A noter tout de même que Daimler détient 36.5 % du capital de BAIC et qu’elle prévoit d’investir plus de 1.5 milliard d’euros pour créer une nouvelle usine ultramoderne en Chine spécialisée dans la production de véhicules électrique.

Avec son entrée surprise dans le capital de Daimler (valorisée à 7.5 milliards d’euros), Li Shufu va faire d’une pierre deux coups : d’un côté il pourra surveiller de près son concurrent BAIC, 5ème constructeur automobile en Chine, d’un autre côté, il pourra nouer de nouvelles alliances lui permettant de développer ses propres activités automobiles sur le marché européen.

 

 

Une acquisition qui dérange en Allemagne !

Il faut reconnaitre que Li Shufu a frappé fort en acquérant plus de 10% du capital de Daimler. En effet, le constructeur allemand avait refusé en Novembre 2017 une offre de Geely visant à acquérir 5 % du capital de Daimler en contrepartie d’un placement d’actions à prix réduit dans le capital du constructeur chinois. Une transaction à l’image de celle réalisée entre Daimler et l’alliance Renault-Nissan par laquelle chaque constructeur détient 3.1 % du capital de l’autre.

 

 

N’étant pas intimidé par ce rejet, Li Shufu se tourne alors vers les marchés boursiers pour racheter les actions de Daimler. Durant quelques semaines, l’entrepreneur chinois a pu constituer un bloc frôlant les 10% du capital de Daimler en réalisant un montage financier assez complexe. Le fait que cette acquisition ait dépassé le seuil de 3% du capital a obligé Daimler à faire un communiqué de presse et à informer l’autorité de régulation des marchés allemands (BaFin). Il s’agit donc d’une « acquisition forcée » en quelques sorte car Daimler a déjà rejeté une éventuelle coopération avec Geely.

 

 

En Allemagne, cette entrée dans le capital de Daimler inquiète la classe politique et les milieux économique. Si la chancelière allemande n’a pas voulu commenter la transaction, les experts financiers sont persuadés que Li Shufu ne va pas se contenter d’acquérir 10 % du capital de Daimler et qu’il va surement augmenter sa participation pour devenir actionnaire majoritaire. Dans ce contexte, la ministre allemande du travail estime que cette transaction confirme les ambitions chinoises liées aux secteurs stratégiques en Europe. En outre, elle met en garde contre une éventuelle augmentation de participation du groupe chinois dans le capital de Daimler.

 

 

Pas de commentaire.

Ajouter un commentaire