Quand McLaren expose sa nouvelle bête à 4 roues sous nos nez d’amateurs de sensationnel au Salon de Genève 2018, il est impossible de résister à la tentation d’un tour de piste. La McLaren Senna 2018 se veut une digne remplaçante des McLaren F1 et P1, toutes faisant partie de la gamme des Ultimates Series. Pour cela, elle affiche des caractéristiques qui la rapprochent énormément de la voiture de circuit. Aussi, quand on apprend que la bête féroce a été taillée pour la route, il n’est pas question de se priver du plaisir d’un tour à bord, le temps d’un essai.
Un look flatteur
Pourquoi faire simple quand on peut faire une auto de tous les superlatifs ? Voilà une question qu’a dû se poser le designer de la McLaren Senna au moment de la dessiner. Tout compte fait, il y avait très peu de chances que ce coupé arbore un look simpliste, puisque la complexité est la marque de fabrique du constructeur anglais.
Aussi, lorsque celui-ci dévoile l’esthétique de sa belle, impossible d’y rester insensible. La McLaren Senna a beau arborer un look qui ne sort pas des classiques de la marque, elle n’emprunte rien à un autre modèle quelconque. Son look semble pour le moins déconstruit, un trop plein de détails qui pourrait déranger certains, mais pas les habitués des fantaisies stylistiques du constructeur anglais.
Avec autant d’années d’expérience, ce dernier a compris que plus c’est léger, mieux c’est. Aussi, il est parti sur une carrosserie presque entièrement faite en fibre de carbone pour limiter au mieux le poids et améliorer l’aérodynamique. Outre la structure en monocoque, le coupé a été doté d’une coque, de panneaux de carrosserie et d’aileron en carbone.
Les sièges non plus n’y échappent pas; étant recouverts d’une simple couche de mousse, alors même que la peinture, elle-même, n’est posée qu’en très fines couches. En tout, ils font moins de 7 kg à eux deux. Bien qu’il paraisse massif, l’aileron ne pèse que 4,87 kg.
Toute cette cure de poids a permis à la McLaren Senna d’afficher un poids de 1 198 kg à vide. Grâce au travail d’aérodynamique effectué sur l’auto, il faut compter jusqu’à 800 kg d’appui à 250 km/h. De quoi faire du coupé une véritable bête de piste.
Le monstre parmi les coupés
Quand on y regarde de plus près, la McLaren Senna a tout d’une auto de circuit. D’abord, elle porte le nom d’un grand pilote de la Formule 1, premier champion du monde au volant d’une McLaren. Tout un symbole pour un coupé doté d’un impressionnant moteur V8 biturbo 4.0 développant 800 chevaux à 7 250 tr/min et 800 Nm disponibles entre 5 500 tr/min et 6 700 tr/min.
Avec de telles constantes, on comprend pourquoi le constructeur a doté son coupé d’une toute nouvelle suspension adaptative et que les amortisseurs sont à double triangulation avec une liaison hydraulique. Pour supporter cette nouvelle installation, la McLaren Senna se dote de jantes 20 pouces à l’arrière et 19 pouces à l’avant.
Si la transmission est arrière, la boite de vitesse, elle, est une automatique à 7 rapports avec un double embrayage. Quant à la vitesse maximale, elle plafonne à 335 km/h alors même que l’accélération de 0 à 100 km/h s’effectue en seulement 2,8 secondes et que le coupé franchit la barre des 200 km/h en 6,8 secondes.
Un habitacle dans son plus simple appareil
Si le look externe de la McLaren Senna 2018 est très flatteur, le constructeur anglais a préféré être minimaliste à l’intérieur ; troquant le luxe avec le confort de conduite. Des portes en élytre avec flancs vitrés, d’un design pour le moins spectaculaire, donnent accès à l’antre de la bête. Si on a hâte de s’y installer, l’aventure commence plutôt de façon controversée avec un baquet rigide qui ne dispose d’aucune inclinaison.
Dès qu’on monte à bord, on remarque aussitôt le tableau de bord rétractable de la McLaren 720S. On remarque furtivement quelques équipements de base tels que la caméra de recul ainsi que le système audio à 7 haut-parleurs, signé Bowers & Wilkins.
Quant aux sièges, ils sont en Alcantara, le cuir étant disponible en option. Ceux qui disent de la McLaren Senna 2018 qu’elle est une voiture de route n’ont qu’à monter à bord pour se rendre compte qu’il leur faudra au moins 5 harnais de sécurité et un casque avant de prendre la route.
La McLaren Senna 2018 en démonstration
Toutes précautions prises, il est temps de s’acharner sur la sportive et de mettre à l’épreuve son V8 4.0. Les 4 modes de conduite (Comfort, Sport, Track et Race) sont accessibles depuis une console rattachée au siège conducteur pour plus d’ergonomie. De quoi enchainer les rapports d’une auto qui le rend bien avec des accélérations impressionnantes et un comportement à la hauteur de ce qu’on attend d’un coupé de cet acabit.
On remercie McLaren pour la cure de poids puisque c’est avec une facilité déconcertante que la Senna entame les courbes et on a peine à croire qu’elle le fait aussi bien, même étant à une vitesse de plus de 150 km/h. Les 800 kg d’appui à 250 km/h, c’est à ce moment-là qu’on les ressent, avec des appuis aérodynamiques des plus intéressants. Ce qui facilite d’autant plus les passages en courbe. On peut affirmer sans risque de se tromper que c’est l’un des coupés les plus redoutables dans les accélérations latérales.
Les vitesses s’enchainent, dévoilant une sportive toujours plus dévoreuse des kilomètres. L’aileron arrière, surtout en raison de sa légèreté, contribue pour beaucoup au comportement du coupé, jouant le rôle de stabilisateur au moment du freinage en se redressant. On ressent véritablement ses performances lorsque la Senna est à haute vitesse, un peu moins à basse vitesse. Il suffit en effet de relâcher un peu la pression pour que l’auto décélère toute seule. C’est autant de détails qui consacrent une expérience des plus enrichissantes.
Bilan de l’essai
Tout dans cette McLaren Senna 2018 invite à la démesure. Il est quasiment impossible de résister à l’appel de l’accélération avec la redoutable efficacité, dont fait montre le coupé, caractérisée par des accélérations impressionnantes et des freinages plus qu’opérants.
Malgré tout, cela n’a pas suffi à effacer l’arrière-goût que laisse une aérodynamique encore diffuse, malgré les efforts du constructeur. A cela s’ajoutent une installation pour le moins compliquée.
Mais, la goutte d’eau qui fait déborder le vase des défauts, c’est le prix de ce coupé, vendu à 930 000€. Serait-ce dû au fait que les 500 exemplaires fabriqués aient été entièrement assemblés à la main ? On se le demande encore. Le fait est que cela n’a pas empêché ces 500 exemplaires d’être vendus comme des petits pains.
Leturgeon
Brou Philippe